Avec ou sans passage à niveau ?

Rouvrir une ligne ferroviaire, par les temps qui courent, ce n'est pas si fréquent et ça peut faire économiser beaucoup de CO2. C'est ce que se disent les nombreux partisans de la réouverture de la ligne Bollwiller-Guebwiller. La ligne est en sommeil depuis 17 ans. Sa réouverture, demandée depuis plusieurs années par l'association Florirail, était tellement d'actualité que le conseil régional imaginait même qu'elle puisse faire partie des lignes secondaires ouvertes à la concurrence dans les prochaines années.

Une méthode pour évaluer la dangerosité de chaque site

Seulement voilà, depuis 2008, la nouvelle politique de sécurité aux abords des passages à niveau est venue rebattre les cartes. En juin 2008, le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau, a dressé une liste de vingt propositions pour la sécurité des passages à niveau (PN). La vingtième mesure concerne notre sujet. Elle décline le principe de la « proscriptio! n absolue de tout nouveau passage à niveau sur des lignes de voyageurs ».
Et la mesure 20 de préconiser : « Veiller (..) à ce que les projets de création, mais aussi de réouverture de lignes, qui créent de nouveaux services, en général par la reconstruction complète de l'infrastructure, sur des sections peu ou pas fréquentées, ne conduisent pas à la création de fait de nouveaux passages à niveau ».
En clair, ne pas faire les choses à moitié. Ce qui se traduit immédiatement, dans l'esprit des décideurs, par surcoûts importants. Pour Bollwiller-Guebwiller, dont le temps de trajet est estimé à moins d'une dizaine de minutes, outre la réhabilitation des rails, du ballast et des points d'arrêts, il faudra tout simplement franchir la RD 83, l'ex-route nationale à quatre voies, par la construction d'un pont. Le tout pour un montant estimé à 16 millions d'euros.
Le pont rail sur la RD 83 était prévu mais pas le traitement des autres PN, il y en a au moins trois de plus. ! Le projet est remis à l'étude, ou plutôt, selon nos informations, est mis en attente. Réseau ferré de France mène actuellement sur plusieurs lignes en France une étude pilote qui vise à déterminer une méthodologie pour analyser chaque PN. En clair une méthode pour évaluer le degré de dangerosité du site pour répondre à la question suivante : peut-on le garder en rouvrant la ligne ou faut-il le supprimer ? Une fois la méthodologie mise au point, elle sera appliquée aux différents projets dans l'Hexagone dont Bollwiller-Guebwiller.
Les résultats ne sont pas attendus avant plusieurs mois. Il n'y a pas d'autre ligne en Alsace formellement fermée et non déferrée, qui pourrait faire l'objet d'une réouverture.

Olivier Claudon

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